Guinée : nous serions à une semaine du déclenchement officiel du processus de Référendum !


Ce samedi 18 mai 2019, Amadou Damaro Camara et sa bande de conspirateurs sont enfin sortis des bois, laissant toutefois derrière eux dans la brousse l'objet de leur forfaiture: le texte de la nouvelle Constitution rédigée par des hommes sans visage sans nom et dans des conditions les plus obscures. Un texte dont on ne connaît ni le contenu ni les auteurs.

Pour l'occasion les barons du RPG se sont mobilisés pour officialiser leur demande à Monsieur Alpha Condé d’engager le processus de substitution de leur texte, qui lui permettra le 3ième mandat et le pouvoir à vie, à celui de la Constitution de consensus de 2010 actuellement en vigueur sur lequel, par deux fois, il a juré de respecter et de faire respecter.

Cet acte du RPG et de Monsieur Alpha Condé est une opération politicienne illégale en vertu des Articles 27 et 154 de la Constitution en vigueur aujourd'hui. En effet, cette Constitution ne prévoit de Référendum que dans le cadre d’une révision constitutionnelle et non d’un changement de Constitution qui ne peut survenir qu’avec une rupture de l’état constitutionnel.

Le référendum n’est prévu que dans le cadre des projets de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur la promotion et la protection des libertés et des droits fondamentaux, ou l'action économique et sociale de l'Etat, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité. Pas pour une nouvelle Constitution (Article 51). Or, dans le cas de révision constitutionnelle, la durée et le nombre de mandats sont intangibles (Articles 27 et 154). C’est dire qu’Alpha Condé n’a aucune voie de sortie possible, qu’un coup d’Etat, pour accéder à un 3ième mandat. Malgré tout, ils préparent la suite, fort du fait que c’est la Cour Constitutionnelle, qu'ils ont déjà domptée, qui juge de la constitutionnalité des projets de loi et qui veille à la régularité des opérations de vote ou de référendum.

Cet acte du RPG n’est pas un fait de hasard. Il entre dans le cadre d’un plan machiavélique de captation du pouvoir, préparé en toute intelligence selon un schéma qui a toujours fait bonne recette face à notre opposition dirigée par des anciens technocrates ministres reconvertis en politiciens : mettre l’opposition devant les faits accomplis en profitant d’une date qui leur ferait renoncer à toute manifestation sur le terrain. Puis, avant qu’elle ne puisse s’organiser et revenir sur la question, la précipiter dans un processus électoral validant l’acte illégal opéré. C’est ce qu’Alpha Condé avait fait pour réussir le point premier de son programme qui doit aboutir à son maintien à vie au pouvoir en Guinée : évincer Kèlèfa Sall et prendre le contrôle de la Cour Constitutionnelle. Il attend le 28 septembre pour déclencher le processus et l’affront à la société civile et aux principaux partis de l’opposition dirigés par des fonctionnaires et anciens ministres. Pour Monsieur Alpha Condé l'arrivée à Conakry des chefs d’Etat Etrangers aux festivités du 2 octobre 2018 est une occasion qui dissuadera l'opposition de manifester. Au lieu de réagir fermement pour faire reculer le cynique président, (ce que Alpha aurait été obligé de faire avant le 1er octobre si l’opposition avait maintenu son appel à manifester), nos opposants eux, reculèrent, entrainant dans l'abandon le Balai Citoyen duquel l’initiative est partie. Après les jours de fête, le pouvoir déclencha la suite du processus électoral des communales et du coup, les partis politiques sont détournés de leur projet initial de manifester pour la restauration de la Cour Constitutionnelle légale. La cécité politique et la non projection des actes de Monsieur Alpha Condé sur les échéances futures sont encore ici une évidence. Le piège se referma. La Cour Constitutionnelle est mise sous contrôle. Le tour est joué, « Machiavel » a gagné le premier match. Le reste peut suivre.

Nous nous retrouvons dans la même logique à présent pour la deuxième phase du programme d’Alpha Condé. L’opposition continue d’attendre qu’Alpha Condé en personne parle du projet de troisième mandat ou de référendum pour qu’elle réagisse. Comme si le Président de la République était obligé de se prononcer en personne ! Et de toute façon il s'en est déjà très clairement expliqué dans son interview aux journalistes sénégalais il y a peu de temps de cela.
En outre un signe fort est venu de la présidence le 25 avril 2019 du Ministre d’État Rachid Ndiaye, qui est son conseiller spécial. Sur RFI, il confirme le projet de référendum et affirme : « Le processus doit être bouclé cette année » (Lire). Sans réaction des forces vives (FNDC) alourdies par la vieille opposition !

Quelle serait donc la suite du programme ? D’après nos sources d’information, le mois de Ramadan sera mis à profit pour rendre officiel la décision d’imposer un Référendum afin de légaliser leur Constitution à eux, taillée sur mesure. La date probable est la nuit du vendredi 31 mai au samedi 1er juin 2019 qui correspond à la Nuit du destin (Laylat al-Qadr). C’est la nuit de recueillement et de prière la plus importante du calendrier musulman où les fidèles passent toute la nuit dans les Mosquées. Le lendemain, c’est le weekend et tout le monde est fatigué. Ensuite vient la fête de Ramadan. Pour Monsieur Alpha Condé et ses acolytes, ces jours de ferveur religieuse dans tout le pays, suivis des préparatifs de fête et de réjouissances pour la fin d'un mois entier de privation, est une belle occasion pour faire passer sans protestation une décision qu'ils savent impopulaire et illégale. Seulement cette fois le peuple de Guinée se rappellera à leur souvenir. Ce qui s’est passé à Forécariah ce lundi 20 mai 2019 n’est qu’un avant-goût : dans cette ville qui est le « village » du premier Ministre Kassory Fofana, une grande affiche a été portée à la préfecture disant que Forécariah soutient le projet du 3ième mandat et dit oui à la nouvelle Constitution. La jeunesse révoltée exigea que l’affiche soit immédiatement retirée. Les autorités finiront par l’enlever.

Nous sommes aujourd'hui dans une situation totalement inédite. On n’a jamais vu un démocrate se cacher pour rédiger une Constitution. On n’a jamais vu dans l'histoire des Nations, un groupe d'individus, qui se disent des démocrates, épris de paix et de liberté, se comporter de façon si méprisante à l'égard d'un peuple qu'ils prétendent représenter. En réalité nous sommes face à une opération de coup d'Etat constitutionnel de la part d'une clique qui conspire pour garder le pouvoir à tout prix. Alors comment qualifier de tels hommes politiques qui se conduisent comme des flibustiers? En réalité ces gens ne sont rien d'autre que des coupeurs de route de la démocratie guinéenne pour encore mieux détrousser demain la Guinée et son peuple.

Maintenant que les masques sont tombés, que nous connaissons les ennemis de la démocratie guinéenne, combattre leur funeste dessein est désormais un devoir sacré pour tout le peuple de Guinée, tel que nous le commande notre Loi fondamentale dans ses articles 21 et 22 :

« Le Peuple de Guinée a le droit de résister à l'oppression. Chaque citoyen a le devoir sacré de défendre la Patrie. »

Pendant la transition 2009/2010, c’est notre groupe, IBCG (Initiative de Bruxelles pour le Changement démocratique en Guinée) qui avait ses représentants au CNT qui proposa de ramener la durée de mandat à 5 ans renouvelable une seule fois avec exclusion de toute possibilité de réviser l’article en question, comme ceux de l’unicité et de la laïcité de l’Etat. Dans notre lot de 13 propositions d’alors, figurait également la création d’une Cour des Comptes et d’une Cour Constitutionnelle au lieu que la Cour Suprême cumule seule toutes ces fonctions qu’elle n’arrivait pas à assumer.

Ce n’était pas à Alpha Condé du RPG, ancien opposant qui disait se battre pour l’Etat de droit et l’alternance démocratique que nous pensions en proposant ces garde-fous, mais plutôt aux anciens Ministres du PUP. Aussi grand est notre déception aujourd'hui !

 

Sadio Barry,
Président du parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG).

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