Nous suivons avec beaucoup de préoccupations la terreur que subissent nos compatriotes de Nzérékoré depuis dimanche 22 mars 2020. Lors des simulacres d’élections de ce 22 mars, on a enregistré partout dans le pays des morts et des destructions de matériels et de bâtiments, privés et publiques. Des attaques de lieux de culte, notamment à Labé, le dimanche. Mais jamais ces violences n’ont pris le caractère à la fois interethnique et confessionnel. Un cocktail explosif dont les conséquences peuvent être dévastatrices pour toute la Guinée.
Des « Donzos » et des éléments armés ont fait irruption dans la ville tuant des gens et brûlant des églises protestantes sur leur passage. La méthode utilisée, celle des rebelles, semble indiquer que ce qui se passe à Nzérékoré est une opération préméditée et soigneusement exécutée. Les images qui circulent sont horribles, insupportables. Elles font froid dans le dos.
Nous posons les questions suivantes : quels crimes nos frères et sœurs de Nzérékoré ont-ils commis pour mériter une telle opération qui ressemble à une vengeance? Pourquoi, malgré la gravité de ces événements, ni le Président de la République, ni son Premier Ministre ne se sont solennellement exprimés sur ces douloureux événements? Leur mutisme sur les violences et les crimes en Guinée, parfois même leur déni, n’est pas nouveau. Dans ce cas précis, faut-t-il voir dans leur silence l’indifférence du commanditaire de ces représailles sur nos frères et sœurs de Nzérékoré ?
La région forestière n’est pas une région comme les autres. Cette région est directement voisine à des pays qui ont connu, il y a peu, des conflits dévastateurs dont les conséquences physiques et psychologiques ne se guériront jamais. Le Président Alpha Condé a-t-il conscience des conséquences d’un conflit interethnique majeur à Nzérékoré sur ces pays voisins ?
Pour toutes ces raisons nous condamnons avec la dernière énergie ces violences et exprimons notre total soutien à nos frères et sœurs de Nzérékoré. Nous nous inclinons devant les dépouilles des victimes et présentons à leurs familles nos sincères condoléances.
A l’Eglise protestante de Guinée nous exprimons notre solidarité et partageons leur amertume.
Depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir en 2010, la région forestière a connu plusieurs conflits interethniques et des massacres ciblés. On se souviendra de Zogota et de Womé.
Des éléments armés commandités ont toujours sévi dans cette région contre des groupes de populations supposées ne pas soutenir le régime de Monsieur Alpha Condé. Nous exigeons le démantèlement complet de ces groupes armés et demandons à Monsieur Alpha Condé de cesser l’instrumentalisation des ethnies en Guinée !
Nous demandons à la CDEAO, à l’UA, aux Nations Unies et à l’Union Européenne d’intervenir rapidement pour que Monsieur Alpha Condé ne précipite la Guinée dans un conflit aux conséquences incalculables.
Pour le parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG) :
Son président, SADIO BARRY