Guinée : l’épilogue d’une forfaiture

« Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous », (Montesquieu).

 

Dès le 22 octobre au soir, tous les guinéens avaient mesuré l’ampleur de la tricherie. Le grand banditisme s’opère souvent en pleine lumière. C’était le cas ce jour là. Face à cette injustice, des réactions violentes ont éclaté un peu partout. Les uns et les autres exprimaient leur indignation; à juste titre.

L’élection présidentielle du 18 octobre dernier était, en réalité, une compétition entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo. La tricherie dans cette élection ne souffre d’aucun doute. Et la Cour Constitutionnelle a officiellement validé ce samedi 7 novembre 2020 ce hold-up électoral. Elle donne son onction, encore une fois, à l’injustice.

Les conséquences de ce déni de justice sont à craindre. En effet, comme le dit un proverbe indien, « Attends toutes sortes de maux là où règne l’injustice ».

Les membres de cette Cour portent une lourde responsabilité devant l’histoire.

Qu’on se le dise! Cellou, une victime consentante?

Sans surprise, la Cour Constitutionnelle a validé ce samedi matin, 7 novembre 2020, l’élection de Monsieur Alpha Condé à un troisième mandat. Seul Monsieur Cellou Dalein Diallo semble en être surpris. L’injustice provoque indignations et révoltes; même chez ceux qui savaient que cela se terminerait ainsi. Je suis de ceux-là. Depuis le 18 octobre, je me suis opposé à toute critique du Président de l’UFDG pour ne pas l’affaiblir dans son combat pour le rétablissement de la vérité des urnes. Même si j’étais sans illusion.

La décision de la Cour Constitutionnelle referme ainsi le rideau sur l’épisode de cette autre période sanglante de notre pays. La démocratie, encore une fois, a été assassinée en Guinée. Nous en paierons le lourd tribut, encore pour longtemps.

A voir sa réaction, le Président de l’UFDG croyait donc à la vérité des urnes en Guinée, malgré tout ce qui s’est passé depuis deux ans dans le pays. Quelle naïveté! Quel gâchis! Il faut le reconnaître.

Pourtant dès l’entame de la consultation des structures de son parti sur l’éventualité de sa candidature à cette élection présidentielle, des voix se sont élevées, nombreuses dans les rangs de ses amis, pour dire à Monsieur Cellou Dalein Diallo que se serait politiquement suicidaire s’il participait à cette mascarade d’élection dont l’issue était écrite d’avance. Que participer à cette élection dans les conditions qu’on connaît, serait non seulement affaiblir le FNDC dans son combat contre le troisième mandat, mais aussi, chose plus grave, donnerait une caution politique à toutes les manœuvres de Monsieur Alpha Condé depuis deux ans pour arriver à ses fins. Il fallait laisser Monsieur Alpha Condé aller se faire plébisciter sans aucun parti politique de premier plan comme l’UFDG. Sa victoire aurait été sans gloire.

CDD (Cellou Dalein Diallo) fit la sourde oreille. De mystérieux conseillers lui avaient vendu l’expérience de Macky Sall face à Wade. La vision qu’avaient ces conseillers de CDD du Sénégal et de la Guinée, deux pays frères, mais aux mœurs politiques différents; de deux hommes, Abdoulaye Wade et Alpha Condé, d’éducation familiale, de formation intellectuelle et politique opposées, était une vision erronée. « Comparaison n’est pas raison ». Les deux pays n’ont ni la même histoire politique, ni la même stratification sociale. Plus important encore, les membres qui siègent dans leurs Institutions respectives n’ont pas les mêmes probités.

Qu’on se le dise donc, Cellou ne devait pas participer à cette parodie d’élection. Cette participation est ressentie par bon nombre de partis politiques, par le FNDC et par de simples citoyens, comme une trahison.

Monsieur Cellou Dalein Diallo, en participant à cette élection vous avez tressé une couronne d’honorabilité à Monsieur Alpha Condé pour un mandat de six ans renouvelable. Monsieur Amadou Damaro Camara peut jubiler.

Votre déclaration le samedi 7 novembre après le verdict de la Cour Constitutionnelle :

« Mes chers compatriotes,
J’ai gagné cette élection grâce à votre confiance et je vous invite à défendre vos suffrages par tous les moyens légaux ».

De quels moyens légaux parlez-vous encore, Monsieur Cellou Dalein Diallo?
J’espère, pas la rue. Vous êtes dans un pays de non loi. Vous semblez n’avoir pas compris cela.

La conquête du pouvoir doit reposer sur une stratégie. Vous n’en avez point eue depuis la malheureuse aventure de 2010. Mais de l’improvisation, oui.

Vous avez apporté beaucoup au débat politique en Guinée. Vous avez réussi à faire de l’UFDG le parti le plus important du pays. Mais vous avez manqué de jugement éclairé à un moment critique de la vie politique du pays.

Beaucoup se demandent désormais si vous êtes encore l’homme de la situation. Cette question mérite d’être posée sans tabou.

Ansoumane Camara

 

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