Bano Sow doit être mis en prison et ses collègues en garde à vue, le temps de déterminer leur implication, pour haute trahison

Opinions

Suite à son retrait du processus électoral, Bano a donné deux informations non connues du grand public qui m'ont interpellé :

1) Je n'ai jamais vu le contrat passé avec Innovatric, l'opérateur ayant vendu le logiciel d'enrôlement à la CENI

2) Je n'ai pas accès à la base de données et aucun commissaire n'y a accès à part Me Kébé

Avant d'analyser les implications de ses propos, il faut rappeler que depuis juillet/août Innovatric était en Guinée et a réalisé depuis septembre l'une des opérations les plus sensibles du processus d'enrôlement qui est la migration de données.

Lors de cette opération, on transfère les données de la base de 2015 vers la nouvelle base de 2019 selon les règles dont les termes sont consignés dans un contrat. Il s'y engage à pouvoir migrer à un certain seuil (les pertes de données dues à une mauvaise qualité ne sont pas à exclure).

Dans ce document l'opérateur s'engage à fournir les fonctionnalités demandées et à défaut les pénalités qu'il devra payer, il s’engage à assurer la maintenance

A) Implications du 1)

En nous signalant qu'il n'a jamais vu le contrat, Bano nous informe implicitement qu'il ne saura répondre aux interrogations suivantes pourtant indispensables pour la crédibilité du processus :

a) Et si dans le contrat l'opérateur s'est engagé à ne migrer que 10% des électeurs de 2015 ? Quid des autres électeurs ?
b) Et si dans le contrat, l'opérateur s'est engagé à fournir un logiciel fiable à 20%
c) Et si dans le contrat l'opérateur s'est engagé à supprimer Bano et tous les commissaires ?
d) Et si dans le contrat l'opérateur a assuré ne pas pouvoir détecter et éliminer les doublons
e) Et si dans le contrat l'opérateur a clairement mentionné que la comparaison des empreintes n'est fiable qu'à 5%, (en l’absence d’un état civil fiable, seules les empreintes peuvent être utilisées de manière fiable pour détecter les doublons) ?
f) Et si dans le contrat l’opérateur a mentionné que pour les personnes n’ayant pas d’empreintes (lépreux, infirme, celles ayant perdu des empreintes suite à certaines activités manuelles) le système de reconnaissance faciale utilisé pour détecter des doublons n’est fiable qu’à 3% ?
g) Et si dans le contrat l’opérateur a clairement signalé qu’il ne pourra mettre aucun contrôle sur la date de naissance, donc inscription possible des mineurs ?

B) Implications du 2)

S’il a des connaissances techniques il a le droit d’accéder à la base peut-être en lecture (aucune possibilité de modification de données) pour effectuer quelques contrôles sur les données.

Par contre il est incompréhensible qu’un commissaire ayant des connaissances techniques n’ait pu accéder à la base ne serait-ce qu’en lecture. L’avantage de cet accès serait de pouvoir contrôler les données, vérifier leur complétude selon les informations données par l’opérateur, vérifier que des suppressions et ajouts de données (électeurs) ne sont pas effectués en catimini.

Comment comprendre que le cœur du travail de nos commissaires leur échappe ? Comment comprendre qu’avec tous les millions investis pour acquérir le logiciel, ils ignorent les termes du contrat ? Savent-ils réellement que la crédibilité des élections, la stabilité du pays dépendent de ce contrat ?

Pour toutes ces raisons, je crois que Bano Sow doit être mis en prison pour négligence, incompétence et l’ensemble des autres commissaires devront être mis en garde à vue le temps d’établir leur niveau d’implication. Après enquête, tout commissaire s’étant réfugié dans le silence sur la nature du contrat devra aller en prison.
Il faut saluer son courage (exprimé avec une certaine mollesse tout de même) pour avoir donné ces infos, il devra bénéficier d’une réduction de peine

 

KERFALLA CISSE

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