Chers compatriotes, chers collègues leaders politiques guinéens ;
Le samedi 9 novembre 2019, le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni), Me. Amadou Salif KEBE, nous a informés que la plénière du vendredi 8 novembre a fixé la date des élections législatives au dimanche 16 février 2020. Cette nouvelle date aurait été adoptée à l’unanimité des Commissaires présents (16 sur 17), précise le communiqué.
Si le communiqué de la Ceni nous rassure que toutes ses acquisitions de matériels ont été faites sur la base des recommandations de l’audit du fichier électoral et de la nouvelle loi sur la Ceni, il ne dit rien cependant sur l’essentiel, à savoir l’épuration du fichier électoral.
A rappeler que l’audit du fichier électoral réalisé en août 2018 par un pool d’experts de l’Union européenne, de l’OIF et du PNUD, a relevé 1.574.000 électeurs fictifs, 3 millions de doublons et 1.336 bureaux de vote fictifs. Ces anomalies déjà constatées en 2015 devaient être corrigées avant la présidentielle de 2015, mais ne le furent jamais. C’est avec ce fichier électoral non révisé que les élections communales furent organisées le 4 février 2018 avec l’accord de l’opposition à laquelle le pouvoir promît une révision du fichier avant les législatives qui devaient se tenir en septembre 2018. Le fichier électoral n’est toujours pas révisé.
Depuis les communales de février 2018, il y a des maires, des conseils de quartier et de district et des conseils régionaux qui n’ont toujours pas été installés. Alors que ces entités devraient être dans les démembrements locaux de la CENI. Comment peut-on donc envisager l’organisation des élections nationales avant leur mise en place ? Une manœuvre qui n’est pas fortuite, car à défaut de leur installation, ce sont des délégations spéciales nommées par le gouvernement qui continueront à s’occuper de l’organisation des élections qui seront alors bâclées comme toutes celles qu’on a connues en Guinée depuis l’arrivée d’Alpha Condé à la magistrature suprême de notre pays.
Chers compatriotes et chers leaders politiques, après le non-respect des échéances électorales prescrites par la loi, une nouvelle date ne doit être fixée que sur la base d’un large consensus des acteurs politiques concernés. Sinon, c’est tomber dans le calendrier machiavélique du parti au pouvoir qui veut nous conduire à des élections bâclées qui lui donneront la majorité absolue au prochain Parlement. Le RPG pourra ainsi, avec sa majorité des 2/3 au Parlement, faire passer son projet de nouvelle Constitution qu’ils n’auront pas réussi à imposer par référendum.
En effet, la classe politique qui accepta d’aller aux communales en février 2018 avec ce fichier électoral doit comprendre que l’enjeu est tout autre pour une élection nationale à laquelle les résultats d’une seule région peuvent faire la balance et donner la victoire au candidat du parti au pouvoir. Nous ne devons pas retomber dans les pièges du passé, toujours les mêmes et avec le même pouvoir.
A ne pas oublier également que le fichier électoral avec lequel on ira aux législatives sera certainement le même à la prochaine présidentielle. Si on n’obtient pas un fichier propre et crédible avant les législatives, nous aurons alors le choix entre :
- aller à la présidentielle dans les conditions de 2015 avec une victoire coup KO assurée du candidat du parti au pouvoir,
ou bien
- accepter le glissement du calendrier électoral qui permettrait le maintien durable au pouvoir de Monsieur Alpha Condé au-delà de 2020, fin de ses mandats légaux. Cette perspective est le plan C de Monsieur Alpha Condé et son RPG pour s’éterniser au pouvoir.
C’est pourquoi chers leaders politiques, nous devons rejeter ce chronogramme unilatéralement fixé par la Ceni aussi longtemps que le fichier électoral n’aura pas été épuré comme l’a recommandé le pool des experts.
En outre, avant toute négociation ou dialogue, nous devons rester fermes sur notre exigence de libération sans condition de nos collègues de la société civile et responsables du FNDC.
Aussi, l’opposition ayant officiellement récusé le président discrédité de la Ceni, Me Amadou Salif KEBE en demandant à sa corporation de trouver un autre à sa place, elle doit désormais exiger son remplacement dans les plus brefs délais afin d’éviter toute paralysie de la Ceni. En effet, l’article 4 de la loi instituant la Ceni stipule que la Ceni doit être composée de personnalités reconnues pour leur compétence et leur probité. Or, après le discours du chef de l’Etat du 4 septembre 2019, Maître Salif Kébé s’est rendu coupable de la violation manifeste de l’article 11 de la loi relative à la Ceni, c'est-à-dire d’un flagrant délit de parjure, une lourde faute pour laquelle même le Président de la République peut être destitué.
Enfin, les leaders de l’opposition républicaine devraient surtout éviter de reproduire la même erreur qu’avec le président de la Cour Constitutionnelle : déclarer ne pas reconnaître le président installé illégalement à la place de Kelefa Sall, puis se précipiter à répondre à la convocation de ce dernier.
Sadio Barry,
Président du parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG)
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