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Chers compatriotes, aujourd’hui mardi 19 novembre 2019, les femmes vont manifester en Guinée contre les tueries de leurs enfants et dire NON au projet de troisième mandat d’Alpha Condé. Leur avertissement de la fois dernière, notamment en octobre, n’a pas empêché les nouvelles tueries des semaines dernières (ce mois de novembre).
Le peuple est appelé aujourd’hui, à mener un combat qu’il fallait les dix dernières années, après les crimes abominables en pleine journée du 28 septembre 2009. Parce que le RPG a trahi, l’opposition n’a pas joué son rôle.
L’actuel chef de l’Etat guinéen aime dire que plus le singe monte haut, plus on voit son derrière. Lui-même, on l’a bien et très tôt compris, Alpha Condé. Son intérêt personnel est au dessus de la nation. Il est prêt à massacrer le peuple et brûler notre pays pour satisfaire ses besoins personnels. Nous n’avons simplement pas eu l’opposition qu’il fallait face à cet homme. Sinon, sa nature odieuse était connue de tous en Guinée depuis les pogroms anti-peuls d’octobre 2010, entre les deux tours de la présidentielle. En effet, je rappelle qu’à l’époque malgré l’insistance des partenaires étrangers et du président de la transition, Sékouba Konaté, Alpha Condé refusera d’appeler au calme et à la cessation des agressions contre la communauté peule dans son fief en Haute Guinée et une partie de la Forêt, notamment Beyla.
Ainsi, chers compatriotes, c’est notre laxisme et notre complicité face à l’injustice et au non-respect des valeurs de la République que nous sommes entrain de payer aujourd’hui avec Alpha Condé, le grimpeur qui a corrompu ou trompé tout le monde en Guinée comme en Occident.
Alpha Condé a soigneusement préparé son plan et son coup contre la Guinée. Revenons un peu en arrière pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui !
Dès qu’il a consolidé son pouvoir, en utilisant les bourreaux des anciens régimes, Alpha Condé a pris soin de bloquer l’accès de l’arène politique aux nouvelles générations plus politiques et capables d’être plus fermes face à ses velléités dictatoriales. Il limitera l’attribution des agréments à uniquement ceux qui prendront l’engagement de faire son jeu, de le soutenir contre « les anciens Premiers ministres de Lansana Conté » qu’il peut vilipender et accuser de tout, à raison ou tort !
A la fin de son premier mandat, il fait des gestes à son principal opposant et le piège par une loi spéciale portant statut du Chef de file de l’opposition. Ce projet de loi qui a été introduit par Alpha Condé lui-même, vient ainsi remplacer la loi portant statut des partis politiques de l’opposition guinéenne. Ainsi, le financement officiel des partis et leurs quotas dans les partages de postes au sein des institutions comme la Ceni n’étaient plus du ressort du pouvoir mais du chef de l’opposition.
Un autre piège encore plus dangereux et mortel pour le chef de l’opposition, inscrit dans cette loi :
« Le chef de l’opposition prend place dans le protocole d’Etat lors des cérémonies et des réceptions officielles dans les conditions fixées par la présente loi et le décret relatif aux préséances ».
C’est la fonctionnarisation du chef de l’opposition, sa subordination directe à celui auquel il doit s’opposer.
C’est le chef d’Etat, Alpha Condé, lui-même qui en fera l’annonce le 28 novembre 2014, au cours de la conférence de presse qu’il a conjointement animé avec le président Français, François Hollande, lors de l’escale de ce dernier à Conakry, en route pour le XVème sommet de la Francophonie à Dakar.
Malgré nos cris et avertissements, le président de l’UFDG acceptera le poste et la fonction.
C’est la semaine passée que j’ai compris qu’on parlait dans le vide à l’époque. En effet, c’est le vendredi 15 novembre 2019 passé qu’ai eu l’information qu’en réalité, c’est le Président de l’UFDG lui-même qui en a fait la demande au président Alpha Condé, suite aux vœux formulés de ce dernier de l’avoir comme partenaire au lieu d’adversaire.
Conséquences :
- le pouvoir justifie le non-versement, désormais, des subventions officielles des partis politiques par le fait qu’il vire ce fonds au chef de file de l’opposition qui devrait le partager avec les autres. Alors que le président de l’UFDG prend le montant comme destiné à sa personne.
- quand les autres sont écartés de la table des négociations ou légers dans les partages de quotas, ce n’est plus au pouvoir qu’ils s’en prennent, mais au chef de l’opposition derrière lequel ils sont censés faire bloc.
- dans son esprit de « bon partenaire », selon ses propres propos lui-même, le chef de l’opposition accepte des dialogues et compromis qui violent la Constitution et le mettent en mal tant avec tant la société civile que le reste de la classe politique. Son parti s’associe au RPG au pouvoir pour remplacer le code électoral et la loi sur la Ceni par des projets de loi émanant de la Mouvance et qui font la part belle au parti au pouvoir et à son partenaire chef de l’opposition.
Ces erreurs politiques feront que le chef de l’opposition perde les batailles :
- pour la révision du fichier électoral avant la présidentielle de 2015
- pour le maintien de l’ordre constitutionnel des élections (communales avant la présidentielle).
- et pour la constitution d’une alliance face au président sortant Alpha Condé qui va réussir à coopter tous ses anciens collègues de l’opposition qui en voulait au président de l’UFDG de les avoir trahis pour ses intérêts personnels
Malgré plusieurs dizaines de morts, l’opposition accepte d’aller aux élections présidentielles de 2015 dans l’ordre et à la date voulus par Alpha Condé, puis aux communales sans révision du fichier électoral. Le même scénario se pointe à l’horizon pour les législatives et, comme suite logique, pour la présidentielle de 2020 si on laisse passer la volonté d’Alpha Condé cette fois-ci aussi.
Au début de son 2ième et dernier mandat, des hauts cadres et responsables de son parti ont commencé à se bousculer pour la succession. Ils ont suggéré que le président prépare sa succession en réorganisant le parti : tenir enfin un congrès et doter le RPG d’une nouvelle direction comme cela est exigé par la loi. En effet, Alpha Condé qui avait des arrière-pensées et ne comptait plus quitter le pouvoir s’est maintenu à la tête du parti afin de continuer à en être le décideur et le candidat naturel, bien que cela était en violation manifeste de l’article 38 de la Constitution.
Article 38: La charge de Président de la République est incompatible avec l'exercice de toute autre fonction publique ou privée, même élective. Il doit notamment cesser toutes responsabilités au sein d'un parti politique.
Pendant tout le premier mandat, il a persisté dans cette violation de la Constitution. Et ce n’est pas tout. Le Président a également refusé la mise en place de la Haute Cour de Justice qui pourrait le mettre au ban s’il ne se conforme pas au texte constitutionnel ou s’il commet de graves crimes contre le peuple ou s’il trahit la République de Guinée. Ce n’est pas tout cela qui a inquiété les hauts cadres politiques ou intellectuels du clan au pouvoir. Ils ont fermé les yeux sur tous ces manquements pendant le premier mandat et même le deuxième. Ce qu’ils ont posé comme problème, c’est le respect des textes internes du parti et la tenue d’un congrès permettant de doter le parti d’un nouveau chef qui serait le successeur officiel du président en exercice. « Sinon, on court le risque de perdre tout le pouvoir », disent-ils faisant allusion aux cas précédents des régimes de Sékou Touré et de Lansana Conté. Alpha Condé fait la sourde oreille. Alors le groupe en question fait des démarches pour impliquer des personnalités influentes de la région pour forcer le Président à faire ce qu’ils pensent nécessaire. Des réunions sont organisées à Siguiri et à Kankan. Ils sont enregistrés et dénoncés au Président qui fait tout surveiller en Guinée. C’est la colère ! Alpha Condé sort de ses réserves et crache aux Malinkés ce qu’il a toujours pensé d’eux ! Le samedi 28 mai 2016 il se rend à la réunion du RPG-Arc-en-ciel pour se défouler contre la communauté Malinké qu’il soupçonne de vouloir récupérer le pouvoir en 2020. C’était pourtant le deal.
Furieux, Alpha Condé affirme que dans son combat politique, les Malinkés n’ont pas participé et qu’au contraire, ils l’ont combattu pour avoir des postes avec Lansana Conté. Confondant les frondeurs qui sont les cerveaux du clan à la communauté toute entière. Il cite ceux qui ont combattu dans la clandestinité et qui ont pris des risques pour le RPG : des Forestiers, des Soussous, Bagas et même des Peuls avant de poser la question :
« Où ils étaient les Malinkés ? …. Des gens les plus malhonnêtes de ce pays, ce sont des cadres Malinkés »
Ecoutons-le !
Analysez bien ce qu’Alpha Condé dit !
« Même ceux qui disent qu'ils sont mes parents, s’ils fautent, je vais les sanctionner. Ceux qui pensent qu’ils sont proches de moi, qu’ils ne peuvent pas être frappés, ils vont être surpris »
Ce n’est pas la parole d’une personne qui a de la famille en Guinée. Une telle personne aurait dit : « Même mes parents » ou « Mes proches ».
Et remarquez bien ce passage :
« Ceux qui disent qu’ils vont être candidat en 2020, c’est leur problème, c’est leur affaire ! »
Je rappelle que ce discours a été tenu le samedi 28 mai 2016 à l’assemblée du RPG ! Ce jour, Alpha Condé manifeste sa colère contre ceux de son parti qui voudraient être candidats en 2020. Pourquoi ? Bien évidemment parce que pour lui et dans ses prévisions, c’est lui qui doit se maintenir au pouvoir en 2020.
Ceux du clan qu’il considèrera alors comme frondeurs seront bannis des privilèges du pouvoir. Certains seront même exclus du parti et demis de leurs fonctions au sein du Parlement ! Et nous opposés au régime, nous nous en sommes réjouis au lieu de crier au scandale !
Ce qui reste du RPG sait désormais que la contradiction n’est pas permise et que le mot « succession » est un tabou ! C’est maintenant l’opposition qu’il faut casser et mettre sous son contrôle la Cour Constitutionnelle. Il prend d’assaut cette dernière institution et destitue son président, Kelefa Sall, qui l’avait publiquement conseillé et mis en garde contre ceux qui vont l’inciter à vouloir changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Le mouvement « Balai Citoyen » se soulève contre l’acte illégal, mais l’opposition s’y mêle et fait échouer cette décisive bataille : ils appellent ensemble le peuple à sortir pour s’opposer à la manœuvre qui remettait en cause la règle et le principe de l’alternance politique en Guinée, puis à la veille, à 22h un communiqué de l’opposition fait annuler la marche pour une date ultérieure qui n’arrivera plus. Pire, l’opposition reconnaitra de fait le nouveau président de la Cour Constitutionnelle qu’Alpha Condé cherchait à imposer.
L’opposition démantelée, la Cour Constitutionnelle acquise, les partis aux leaders fermes écartés ou affaiblis dans la Ceni, il faut maintenant se préparer à affronter le peuple qui se soulèvera, sans doute, contre l’éventualité d’un pouvoir à vie pour le plus médiocre et irresponsable que notre pays ait connu à sa tête. Il va falloir réprimer et en tuer beaucoup pour atteindre le but. C’est là où les forces de sécurité deviennent importantes. Alpha Condé le sait et y a toujours pensé, depuis son accession au pouvoir. Notre équipe avait prévenu sur la question entre 2011 et 2013 : Alpha Condé sait que seule l’impunité garantie aux forces de sécurité amènerait ces dernières à réprimer et tuer de nouveau pour le pouvoir, pour lui. C’est pourquoi il n’a jamais voulu le jugement des présumés coupables des crimes de massacres et de viols du 28 septembre 2009. Cela allait définitivement remettre les militaires et policiers guinéens à l’ordre, leur faire conformer aux textes de loi. Nous avons demandé et insisté que l’opposition exige ce procès avant toute nouvelle élection, notamment les législatives que le pouvoir voudra gagner. Sinon, beaucoup de militants de l’opposition vont encore mourir, avions-nous clairement exprimé aux responsables de l’opposition qui sont restés sourds. Alors nous avons engagé une procédure judiciaire en Belgique dans le dossier « Crimes contre l’humanité en Guinée ». Ce sont des proches du président de l’UFDG, dans nos rangs, qui iront retirer la plainte à notre insu. Plus tard, au cours d’une assise à Anvers, ils diront avoir agi ainsi sur ordre de leur leader de l’UFDG.
Conforté dans son refus de justice aux victimes de crimes contre l’humanité par la position ou passivité de l’opposition sur la question, Alpha Condé fera tête à son ministre de justice Christian Sow qui voulait à tout prix ce procès dont la Guinée disait officiellement organiser. Sûr de lui et du fait qu’il avait réussi à acheté des presses occidentales qui couvrent l’Afrique, Alpha Condé ira jusqu’à dire publiquement qu’il n’y aura pas de procès pour le 28 septembre 2009. C’était sur l’Ile de Kassa, le samedi 25 octobre 2014 :
« J’ai demandé aux Blancs d’oublier l’affaire du 28 septembre, parce qu’il y a eu celui de 1985, de 2006 et de 2007 et ils n’ont pas fait l’objet de poursuites judiciaires ».
Est-ce qu’on peut être plus clair ?
Ni l’opposition guinéenne ni l’Union Européenne ni le Conseil de sécurité qui a le pouvoir de déclencher la saisine de la Cour Pénale Internationale ni Fatou Bensouda qui pouvait initier le processus de l’interne, ne bronchèrent mot ! Aujourd’hui, tous ont une part de responsabilité dans le drame et des tueries que nous sommes entrain de revivre en Guinée, en liaison avec une volonté d’un nouveau dictateur, de conserver à tout prix le pouvoir. Nous les prions d’agir maintenant avant qu’il ne soit trop tard !
Quant à Fatou Bensouda, nous trouvons inacceptable qu’elle adresse des menaces à la classe politique et à la société civile guinéenne qui exerce un droit constitutionnel au lieu de s’adresser aux tueurs.
Alors, pour son projet de troisième mandat qui va nécessairement faire des blessés et morts en Guinée, la Gendarmerie et l’armée se montrent sceptiques, comme on peut le relever des échanges des proches du chef de l’Etat rendus public sur guineepresse.info le 11 juillet 2019 (Lire).
Le 25 juin 2019, Alpha Condé fait adopter, par l’Assemblée Nationale, une nouvelle loi qui autorise les forces de l’ordre à faire usage des armes à feu contre les manifestants et qui les protège en même temps contre toute éventuelle poursuite en justice pour les crimes qu’ils vont commettre lors des opérations dites de maintien d’ordre. En effet, cette loi établit plusieurs justifications de l'usage de la force, notamment pour défendre des positions occupées par les gendarmes. C'est-à-dire que, si les gendarmes mettent un barrage pour empêcher une manifestation, ils ont le droit d’utiliser des armes de guerre et de tirer à balles réelles pour tenir la position.
Les députés guinéens du RPG furent capables de soutenir une telle loi contre les Guinéens, oubliant qu’ils ont été et qu’ils pourraient de nouveau se retrouver dans l’opposition !
Notre opposition parlementaire, de son côté, a cautionné cette loi et l’a laissée passer légalement en Guinée au moment où il n’y avait aucun doute sur les intentions d’Alpha Condé d’interdire toute manifestation et de mourir au pouvoir en Guinée !
En effet, nos députés de l’opposition n’étaient pas sans savoir qu’en acceptant de prendre part à une telle assise, ils cautionnent cette loi et en deviennent auteurs ensemble avec ceux de la Mouvance, en tant qu’Assemblé Nationale qui aurait démocratiquement adopté ladite loi. Ils l’ont fait !
Corinne Dufka, directrice pour l'Afrique de l'Ouest à Human Rights Watch réagira en ces termes :
« Alors que la tension politique monte à l'approche de l'élection présidentielle de 2020, la dernière chose dont la Guinée a besoin est une loi aux termes vagues qui semble donner aux gendarmes le pouvoir discrétionnaire de décider de recourir à la force létale. Le président Alpha Condé devrait inviter l'Assemblée nationale à réviser cette loi, afin de la mettre en conformité avec les obligations de la Guinée aux termes du droit international et du droit africain en matière de droits humains. »
Un appel qui ne sera pas entendu par le pouvoir ni repris par l’opposition !
Par manque de patriotisme de nos députés et de pitié pour le peuple, les victimes des crimes en cours n’auront jamais justice si Alpha Condé se maintient au pouvoir ou si c’est un de ses principaux adversaires de l’opposition républicaine (parlementaire) qui lui succède au pouvoir. Cela est certain. Car, à leurs yeux, en vertu des lois qu’ils ont adoptées ensemble, ces crimes sont légaux et les éléments des forces de l’ordre ne peuvent être poursuivis pour ces crimes. Le peuple a le droit de le savoir !
Il nous est donc impératif, chers compatriotes, de chasser Alpha Condé du pouvoir et effectuer un bon choix aux prochaines élections, tant pour ce qui concerne les députés que le futur Président de la République, pour restaurer l’Etat de droit en Guinée ou la vie humaine ne serait plus banalisée, les libertés fondamentales confisquées.
Sadio Barry,
Président du parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG)
La vidéo recommandée du jour :
Lire en rappel l'article suivant qui fut la réaction de Sadio Barry après l'autorisation des armes contre des manifestants par le Parlement :