(La version audio sera ajoutée en bas de l'article dans quelques minutes)
Chers Guinéens, chers Africains, chers amis de la Guinée,
la situation dramatique que nous vivons en ce moment en Guinée et qui inquiète le monde entier était pourtant prévisible.
Depuis l’usurpation du pouvoir par Alpha Condé avec la complicité du Président de la transition, le général Sékouba Konaté, en 2010, la Guinée est restée sous tension et dans l’instabilité politique pendant 10 ans.
On a enregistré plus d’un demi millier de morts et blessés par balles sans la moindre enquête.
Il était prévisible que le projet de troisième mandat illégal d’Alpha Condé va radicaliser les positions et ne pourrait déboucher que sur un bain de sang. Avec la certitude pour tout le monde que tout sera de nouveau annulé quand le despote ne serait plus au pouvoir. Alors toutes ces tensions, toutes ces divisions à conséquences durables, tous ces morts et destructions pour quoi ? Pour la satisfaction personnelle d’un vieux de 86 ans sans famille en Guinée ?
Malgré tout, la CEDEAO a totalement failli à sa mission en restant muette, et maintenant en soutenant le dictateur.
Corrompue et incompétente, l’organisation communautaire sous-régionale s’est transformée en un syndicat de chefs d’Etat en exercice. Quand elle s’est décidée de bouger dans le dossier guinéen, c’est venir apporter du soutien et une légitimation au despote et manquer du respect au peuple de Guinée. Ainsi, après la médiocre Shirley Ayorkor Botchway qui est venue débattre avec le FNDC le 2 octobre 2020 en fondant tous ses arguments sur la nouvelle Constitution d’Alpha Condé que la classe politique et le FNDC ne reconnaissent pas, c’est au tour du général Françis Awagbè Béhanzin, commissaire aux Affaires politiques, paix et sécurité de la CEDEAO de venir choquer les Guinéens avec des discours irresponsables et moyenâgeux du genre « C’est Dieu qui donne le pouvoir ».
Irresponsables, paresseux et médiocres qu’ils sont, ils vont dans des missions sans préparation, sans connaissance des dossiers et en faisant fi des réalités sociopolitiques du pays en question. Le général Béhanzin réagissait dramatiquement au fait que le candidat Cellou ait rassuré ses militants que les résultats sortis des urnes le donnent gagnant. Ce Général ne sait sans doute pas qu’Alpha Condé a fait pareil en 2010 et que le code électoral stipule que :
« Immédiatement après le dépouillement, et dès l’établissement du procès verbal, le résultat du scrutin est rendu public par le Président du bureau de vote et affiché par ses soins dans la salle de vote. »
Alors peut-on accuser Cellou de rendre publics avant la Ceni, le 19 octobre, des résultats affichés dans chaque salle de vote par la Ceni le soir du 18 octobre ? Ou bien c’est le fait que l’UFDG compile les résultats partiels pour obliger la Ceni à restituer cette fois-ci la vérité des urnes qui les met en colère, et pourquoi cette mesure de transparence les gêne tant ?
Quant à la femme avant lui, elle doit ignorer que la prétendue Constitution à laquelle elle se réfère est la cause principale du conflit sociopolitique en Guinée. En effet, pour permettre au dictateur Alpha Condé d’avoir un troisième mandat, il a fallu au régime de procéder au changement de constitution, car celle qui était en vigueur fixait intangiblement le nombre de mandats à deux. Le Gouvernement guinéen, dans son incohérence, a officiellement livré, trois textes constitutionnels différents et celui qui a été promulgué n’est pas celui qui a été porté à la connaissance du peuple pour le référendum. Donc la Guinée n’a aucun texte constitutionnel légal depuis le 6 avril 2020. Alpha Condé et le gouvernement guinéen ont délibérément violé le Protocole A/SP1/12/01 de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance additionnel au protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement de conflits, de maintien de la paix et de la sécurité. Toutes les élections (pourtant sources de conflits en Afrique), organisées en Guinée sous Alpha Condé ont été bâclées, les résultats des bureaux de vote substitués ou disparus. Tout cela dans l’indifférence de la Commission de la CEDEAO !
L’opposition et le FNDC doivent signifier aux partenaires de la Guinée et aux Nations Unies qu’ils n’ont plus confiance à la CEDEAO dans sa forme actuelle, pour des raisons suivantes :
- Ils ont laissé Monsieur Alpha Condé violer et suspendre la Constitution guinéenne, les règles et le droit communautaire sans rien faire.
- Le Général Francis Behanzin, commissaire de la CEDEAO qui vient de nous tenir un slogan du régime (C’est Dieu qui donne le pouvoir), est à la solde de Razak Saka, un entrepreneur béninois qui a le marché des hydrocarbures en Guinée.
- Le président de la commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kouassi Brou, est un Ivoirien à la solde d’Alassane Ouatara, le frère "siamois" d’Alpha Condé, l’autre vieux candidat au troisième mandat controversé et porteur de conflit au sein de la CEDEAO.
- Depuis 2010, la CEDEAO n’a dit un seul mot sur les centaines de morts par balles, sur l’impunité garantie aux auteurs des crimes contre l’humanité du 28.09.2009, sur la fosse commune de N’Zérékoré du 22 au 25 mars 2020 etc. Pour rappel, les Guinéens sont des citoyens de la CEDEAO.
Dans aucun pays de droit, l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 ne peut être validée. En effet, du début à la fin du processus, le code électoral et les droits des adversaires du président candidat n’ont pas été respectés.
Le gouvernement et la CEDEAO ont reconnu qu’il y avait environ 3 millions de faux électeurs dans le fichier. Le pouvoir dit accepter de faire la correction pour réduire le fichier de 8 millions à 5,4 millions d’électeurs, mais Alpha Condé dit que dans ce cas, il n’accepte pas que les partis de l’opposition membres du FNDC prennent part aux législatives. Ce qui lui permet d’avoir à lui seul le Parlement. La CEDEAO ferme les yeux ! On ne vérifie pas non plus qui a été effacé du fichier, des mineurs, des fictifs qui alimenteront les BV fictifs de la Haute Guinée ou des électeurs dans les fiefs de l’opposition ?
Ce n’est pas pour rien que la Ceni a refusé d’afficher les listes électorales conformément au code électoral.
Ainsi, même la candidate Makalé Camara ne s’est plus retrouvée sur la liste électorale. Drôle : sa candidature a été acceptée par la Cour Constitutionnelle, alors qu’elle n’est pas dans le fichier électoral ! Ce qui rend caduque le bulletin électoral et invalide le scrutin.
Par ailleurs, la Cour Constitutionnelle avait ordonné la remise des copies de PV de chaque bureau de vote aux représentants des candidats après les décomptes. Ce que la Ceni n’a pas respecté. Une autre raison pour annuler le scrutin !
Ci-dessous, le président de la Ceni, Kabinet Cissé, en bon militant du RPG avec des membres du gouvernement.
Cellou a-t-il raison de ne pas lui faire confiance ou pas ?
Alpha était rassuré qu’il se fera également élire président pour un troisième mandat sans la participation de l’opposition avec, donc, les mêmes facilités qu’aux législatives et qu’il obtiendra la validation de la CEDEAO. C’est pourquoi il a paniqué quand Cellou a décidé de prendre part à la Présidentielle à la dernière minute. Son parti au pouvoir interdit à ses adversaires de faire campagne dans les régions peuplées de la Haute Guinée, son fief qu’il a peur de perdre après un bilan désastreux de 10 ans. Après 10 ans de fausses promesses que l’opposition devrait rappeler. C’est ainsi que le candidat Cellou sera bloqué et empêché d’entrer à Kankan, la plus grande électorale du pays selon le fichier électoral actuel et d'aller aussi à Siguiri. Le Dr. Ousmane Kaba du PADES sera également interdit d’accès à Siguiri. Ce qui, en principe, invalide le vote dans ces localités ou annule tout le scrutin.
Désormais, la fraude et la force restent ses seuls moyens de rester au pouvoir. Ce qui peut conduire la Guinée au chaos et à un nouveau génocide aux conséquences incalculables.
Si jamais la Guinée sombre dans le chaos et la violence programmées par Alpha Condé et la mafia qui l’entoure
La Ceni, la Cour Constitutionnelle et la CEDEAO auront une lourde responsabilité dans ce qui risque d’arriver en Guinée. Dans ce cas, si je suis Président en Guinée, les membres actuels de ces institutions nationales guinéennes payeront lourdement leur forfaiture et je retirerais la Guinée de l’organisation corrompue CEDEAO.
La Cour pénale internationale (CPI) qui s’est aussi rendue complice du régime condé et de l’entretien de l’impunité en Guinée pendant 10 ans a sa part de responsabilité dans les massacres que nous avons enregistrés ces dernières années et ce qui pourrait arriver les semaines et mois prochains en Guinée. Si je suis président, je retirais la Guinée de cette autre institution irresponsable.
La Guinée sortira de toutes ces pourritures d’institutions pour se consacrer à la réconciliation de son peuple, à sa réorganisation et à son développement.
Sadio Barry,
Président du parti Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG).
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