Des centaines de familles ont assisté, impuissantes, au spectacle insoutenable de la démolition brutale de leurs habitations, le plus souvent construites de leurs propres mains, brique par brique, l’œuvre de toute une vie, des investissements considérables réduits en poussière.
Les familles désemparées, dont certaines comptent deux à trois dizaines de personnes, ont vu leurs maisons voler en éclats, broyées impitoyablement par les pelles mécaniques des gendarmes. Elles y sont pourtant établies depuis 20, 30, voire 40 ans, avec des titres fonciers délivrés officiellement par le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. Il y a même des détenteurs de documents signés de la main d’un ministre.
Le marché de Kaporo-rails a été rasé, les commerces démolis, la clinique de Médecins du sud détruite. Les écoles ont été fermées avant de connaître le même sort. A midi, les enfants, de retour d’école, n’ont pas eu leur unique repas quotidien. Et le soir, ils ont dormi à la belle étoile, au milieu des gravats, dans les ruines de leurs anciennes habitations.
Le sort de ces centaines d’enfants déscolarisés, l’Etat s’en contre-fiche. D’autant que la ministre de l’Action sociale et de la Promotion féminine, pourtant vouée à l’action humanitaire, a déclaré que ce ne sont pas des maisons qui ont été détruites, mais des baraques et des taudis. C’est partout l’amertume, la désolation, le désastre total. Une vaste zone sinistrée, sans la moindre compassion de la part des gouvernants.
Kaporo-rails a été déclaré, semble-t-il, zone foncière réservée de l’Etat. Mais celui-ci a laissé faire. Il était présent puisqu’il fournissait l’eau et l’électricité. Nul ne peut donc incriminer les populations de Kaporo-rails.
De plus, le décret n°211 de 1989 recense au total 21 zones réservées de l’Etat dans la capitale Conakry, toutes illégalement occupées. Pourquoi donc cet acharnement sur Kaporo-rails, alors que SIG-Madina, par exemple, ne sera jamais touchée ? La raison est toute simple : c’est une zone réputée favorable à l’opposition. Cette population une fois dispersée, ce sont des milliers d’électeurs en moins pour les éventuelles législatives ou le référendum dont il est de plus en plus question. D’où, d’une pierre deux coups.
Kaporo-rails avait fait l’objet d’un tel déguerpissement en février 1998, il y a exactement 21 ans, jour pour jour. Le président Alpha Condé, alors membre de l’opposition au régime du général Lansana Conté, avait déclaré que c’était un crime et une violation flagrante des droits humains. Pourquoi ce ne le serait plus cette fois ?
Surtout que l’actuel déguerpissement s’est fait sans aucune mesure alternative d’accompagnement, d’indemnisation ni de relogement. C’est une opération cruelle, inhumaine et dégradante, une discrimination volontairement ciblée contre une communauté bien déterminée. Celle-là même qui a visé les dizaines d’adolescents qui ont été enlevés à la fleur de l’âge, arrachés à leurs familles et froidement abattus par des hommes en uniforme lors des marches pacifiques entre 2011 et 2015 à Hamdallaye, Bambéto, Koloma, Enco 5 ou Wanidara.
C’est la même logique d’exclusion et d’expulsion qui frappe aujourd’hui les habitants de Kaporo-rails. La ligne rouge a été franchie. Trop est trop. Mais qu’à cela ne tienne ! Les populations de Kaporo-rails doivent poursuivre l’Etat devant les juridictions nationales et internationales (Cour de justice de la CEDEAO) pour demander réparation, indemnisation et recasement. La Constitution guinéenne stipule que nul ne peut être exproprié si n’est sous réserve d’une juste et préalable indemnisation.
A l’initiative de la maison mère Fondation Karamoko Alfa du Timbo, son antenne Fondation Karamoko Alfa du Timbo-France lance un appel à des contributions exceptionnelles et volontaires pour venir en aide aux populations de Kaporo-Rails qui se retrouvent sans abri et dans la détresse totale.
Cet appel s’adresse à tous les Guinéens résidant en France, hommes et femmes, jeunes et vieux, sans aucune distinction d’appartenance religieuse, ethnique, régionale ou de parti politique.
Il est demandé à chacun de donner le montant qu’il déterminera librement en fonction de ses propres moyens.
Tout donateur recevra un reçu en bonne et due forme et pourra bénéficier d’une réduction d’impôt comme toute contribution à une association placée sous le régime de la loi de Juillet 1901. C’est le cas pour la Fondation Karamoko Alfa du Timbo-France.
Il est à noter que les contributions sont totalement sécurisées.
Tout contributeur pourra à tout moment s’enquérir de l’évolution et de l’état des contributions versées.
A l’issue de cette opération de collecte de fonds, un bilan exhaustif sera dressé et un compte-rendu circonstancié sera établi à l’intention des donateurs et de toute personne qui le sollicitera.
C’est une occasion unique pour la diaspora de manifester sa solidarité à l’égard de nos compatriotes de Kaporo-Rails soumis à cette épreuve insupportable et injuste.
Les donateurs peuvent apporter leurs contributions par l’un des deux moyens suivants :
- Soit par virement bancaire sur le compte conjoint Société Générale de la Fondation Karamoko Alfa du Timbo-France, avec la mention « don aux victimes de Kaporo-Rails », et dont voici les coordonnées :
Société Générale - Agence Bagnolet
Titulaire du compte : Association Karamoko Alfa du Timbo-France
Banque : 30003
Agence : 03432
Numéro de compte : 000 501 36 418
Clé : 86
IBAN : FR7630003034320005013641886
- Soit en remettant leurs contributions directement à El Hadj Alpha Nouhou Tailleur, à son magasin, à l’adresse suivante :
Alpha Tailleur
58, Rue Armand Carrel
75019 ParisTél. : 01 42 02 72 10
Métro : Jaurès
Ligne 2 : Nation - Dauphine
Ligne 5 : Bobigny - Place d’Italie
Ligne 7 bis : Louis Banc - Pré-Saint-Gervais.
Pour toute information complémentaire, prière contacter l’une des personnes suivantes :
- El Hadj Alpha Nouhou Barry, Secrétaire aux Affaires sociales et culturelles : 06 88 35 86 18
- M. Alassane Bah, Trésorier général : 06 11 59 35 31
- El Hadj Alpha Sidoux Barry, Président : 06 60 73 47 84.