La perversion politique à son paroxysme en Guinée.

Opinions


Enfin les résultats du double scrutin voulu par Monsieur Alpha Condé sont tombés. C’est sans surprise. 91% de oui à sa nouvelle constitution.

Staline n’aurait pas fait mieux. Mais pourquoi pas 100%? Le choix d’un chiffre à dû être difficile pour Kébé, le «batoula», resté sourd à cette petite voix moralisatrice silencieuse qui est en chaque individu, qui le rappelle à la raison. Mais ainsi sont les hommes: certains ne révèlent leur vraie nature que dans des moments de crise. Quant à son maître, le « professeur », les événements tragiques que connaît la Guinée depuis quelques mois ont mis à nu sa perverse personnalité.

Cet homme a une façon de faire la politique qui a insidieusement travestit les relations humaines et politiques en Guinée. Jamais le droit, la morale et l’éthique n’ont été aussi bafouillés, piétinés, dans notre pays. Tout cela était pourtant prévisible depuis sa surprise aventure nocturne à Pinet dont seul feu Siradiou Diallo s’était étonné. Dans l’interview qu’Alpha Condé accordera à l’hebdomadaire Jeune Afrique sur cette rocambolesque aventure, on pouvait déjà déceler dans ses explications la perversion narcissique chez cet homme. Il lui fallait se fabriquer une romance pour son égo.

Depuis 2010, cette façon perverse de Monsieur Alpha Condé de faire la politique à produit sur la société guinéenne, les institutions républicaines, syndicales et religieuses, de la Guinée des effets anesthésiants et corrosifs dont il nous sera désormais difficile de nous guérir sans une prise de conscience collective. La corruption des âmes et des esprits des citoyens par le mensonge, l’argent et le matériel est la plus ignoble forme d’assujettissement. La méthode est si mortifère que des hommes que l’on croyait incorruptibles se sont laissés prendre à l’hypnose de Monsieur Alpha Condé. « ...plus le mensonge est gros, plus les Guinéens y croient » dit-il souvent.

« Les dirigeants pervers disent toujours le contraire de ce qu'ils font : ils prétendent vouloir le bien des pauvres, répartir mieux les richesses, gérer plus efficacement les affaires, punir les escrocs, faire des économies. En réalité, ils n'énoncent ces slogans que pour leur vertu séductrice, voire comme incantation socialement hypnotique, et surtout pour la légitimité qu'ils s'accordent à eux-mêmes ». (Haine et amour, p 335 de Giovanna Stoll et Hurni). Alpha est de ceux-là.

Alpha Condé, à défaut de faire disparaître l’opposition, comme il l’avait dit et espéré, fait aujourd’hui vivre les Guinéens dans une nouvelle forme de totalitarisme. Un totalitarisme imposé non par une idéologie politique, mais par un narcissique aveuglé par les délices du pouvoir, et encouragé en cela par une clique de rapaces dont la seule idéologie est l’argent.
Le pire pour le pays serait de les laisser faire.

L’après Alpha Condé constituera un énorme défit pour ses successeurs. Les guinéens, pour redresser le pays, ne devront pas faire l’économie d’une sorte de « réarmement moral » à l’échelle nationale. Rien ne devra être occulté si nous voulons, pour une fois, nous en sortir. La dépolitisation des services de sécurité, de l’enseignement, de l’administration du territoire, du système judiciaire, aujourd’hui prostitué au pouvoir politique, la refondation d’une armée républicaine sont autant de domaines sur lesquels des réflexions doivent portées dès maintenant.

Ansoumane Camara

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