Ce que j’ai compris pour le Mali

Opinions

Nous déplorons la mise à terme du régime démocratiquement élu au Mali par des voies antidémocratiques. Pour autant, on ne minimise pas les souffrances, les aspirations sociale, économique, culturelle et les revendications sécuritaires du peuple malien.

Depuis des années, le cri du cœur du peuple est perceptible et audible. Ce que j’ai compris est que depuis des années, le mal du peuple malien avait atteint un degré insupportable au point de jeter la classe politique dans les caniveaux de l’antipathie. J’ai compris qu’il y avait une rupture de confiance entre dirigeants et administrés.

Ce que j’ai compris est que quand on (nous les politiques) aime son pays et qu’on veut aider son mentor politique (Président de la République dans le cas du Mali), on doit l’assister avec des idées démocratiques, des conseils républicains et non par des idées absurdes et des exhortations qui violent les valeurs et principes républicains. Ce que j’ai compris est que les forces de défense et de sécurité (dans tous les pays normaux) tiennent à leur dignité et à leur honneur. Au Mali, elles en étaient dépouillées. Elles étaient devenues la risée de leurs homologues des autres pays. Elles les ont recouvrés. Malheureusement.

Ce que j’ai compris est que l’éducation, la santé, la sécurité sont des besoins élémentaires pour tout citoyen. Ce sont d’ailleurs les deux premiers paliers de la pyramide de Maslow. De leur satisfaction dépendent la paix, la stabilité et la sécurité des nations. Ce que j’ai compris est qu’un dirigeant ne peut plus se parer d’une élection démocratique pour légitimer des comportements antidémocratiques et vouloir s’en sortir indemne avec l’aide de qui que ce soit. Les peuples sont bien informés, ils sont devenus plus exigeants et ils ne sont plus complexés.

Ce que j’ai compris est qu’il ne suffit plus d’avoir des entrées à l’Elysée ou avoir des amis dans un quelconque pré carré franç-africain pour espérer neutraliser son peuple à souhait. J’ai compris que la Russie ne regarde plus faire dans le monde, les bras croisés. Ils ont regard particulier en Afrique. Ce que j’ai compris est que la Russie bouscule le protocole diplomatique en Afrique. Le fait, si on peut le « simplifier », que l’un des auteurs soit fraîchement rentré de la Russie ne me semble pas anodin, bien qu’il bénéficie d’une bonne moralité au sein de ses collègues. Il est à considérer l’implication de ce pays dans le cours des choses.

Je salue la sagesse des forces de défense et de sécurité dans la démarche. Je salue la posture d’Ibrahima Boubacar Keita et de Boubou Cissé qui n’ont pas opposé un bras de fer. Ils ont agi dans une démarche qui a empêché une effusion de sang.

…et maintenant,

Maintenant que le sale boulot a été fait, il faut réussir le défi de répondre aux aspirations populaires d’un nouveau Mali : une école stable et performante, une société réconciliée par la restauration de la confiance entre les différentes parties prenantes de la nation malienne, une classe politique plus responsable et surtout engagée au service du peuple. Maintenant, il faut reconstruire le tissu social, économique. Il faut que les militaires et autres responsables de ce putsch prouvent qu’ils avaient raison de pousser IBK à une sortie antidémocratique en restaurant la sécurité sur toute l’étendue du territoire, encore qu’ils portent des uniformes et des armes.

Maintenant, les peuples de la sous-région exigent des putschistes une transition rapide, une retraite des militaires dans leurs casernes après avoir créé les conditions d’une élection démocratique, transparente et libre avec des candidats civils. Le tout, après avoir dépollué le fichier électoral si cela s’impose au Mali. Maintenant, il faut que les populations civiles maliennes inscrivent l’avenir de leur pays sur un nouveau registre : celui de la transparence et de la bonne gouvernance. Renoncer à la corruption et à tous les agissements qui sapent la cohésion sociale. Partout où on parle de corruption, les civils ont une grosse part de responsabilité.

 

Mamadou Lamine BA,

Consultant en Médias et Communication

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