Guinée: à l’attention du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution)


S’il eut fallu d’un événement décisif pour que le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) fasse preuve de détermination envers la cause qu’il défend, la condamnation de 7 de ses membres à Kindia le 7 mai dernier est tout indiquée.

Accusés d’“entrave au droit de manifester et trouble à l’ordre public” aux termes des articles 625 et 561 du code pénal, ces derniers ont écopés d’une condamnation à une peine d’emprisonnement de 3 mois ainsi que d’une amende de 500.000 GNF chacun.

Rappelons que les faits reprochés se sont produits le 4 mai dernier, alors que le chef de l’État assistait au lancement de travaux de festivités, au stade Fodé Fissa de Kindia.

Cette raison officielle de sa présence au stade, n’en cachait pas moins celle plus officieuse, qu’est la vente du projet de nouvelle constitution au peuple de Guinée, en vue de sa pérennisation au pouvoir. Les affiches de la tribune arborant des photos d’Alpha Condé et les slogans « Vive la nouvelle constitution » l’attestent.

À cet effet, font partie des stratégies gouvernementales, la promotion et le soutien financier d’initiatives favorables au 3ième mandat, la propagande mensongère des bienfaits d’une nouvelle Constitution ainsi que l’intimidation de ceux s’inscrivant, à juste titre, contre ce projet illégal.

De ce qui précède, force nous est donc de constater, que la condamnation des 7 représentants du Front, a pour objectif premier, le musellement des anti-3ième mandat et, a fortiori, l’étouffement du mouvement de mobilisation incarné par l’entité.

C’est pourquoi, au maintien de la crédibilité du rôle qu’il assume dans ce combat, le Front, assisté des partis politiques de l’opposition, se doit de répondre avec la plus grande fermeté à l’intimidation allant crescendo, dont ses membres sont victimes. En faire l’économie, aura pour conséquence de décourager les activistes, hommes et femmes engagés sur le terrain, donnant ainsi un avantage au pouvoir dans la poursuite de sa forfaiture.

Dans cette optique, le Front qui regroupe l’opposition et les organisations crédibles de la société civile, se doit, dans les plus brefs délais, d’exiger publiquement la libération immédiate et inconditionnelle des 7 condamnés et convoquer une réunion d’urgence pour décider des mesures à prendre.

En effet, comment comprendre que les uns aient entravé au droit de manifester des autres, alors même que ce droit a été décrété être suspendu sur l’étendue du territoire guinéen, au mépris de la Constitution qui le consacre à son article 10?

Comment justifier que les uns aient commis le délit de troubler l’ordre public alors qu’aucune perturbation n’a été constaté du fait des condamnés?

Et en fin, comment expliquer que, si le chef de l’État lui même, brave l’interdiction de manifester de par sa présence au Stade qui, à la lettre des accusations portées, tenait lieu de manifestation, les autres membres de la société ne soient justifiés d’en faire autant?

En somme, l’ensemble de ces incohérences démontrent à suffisance, qu’aucune accusation n’aurait dû être portée contre ces individus, n’eut été de l’excès de zèle de son auteur, à plus forte raison que leur liberté leur soit confisquée par voie de conséquence.

Le mal ayant été consommé, dans un État de Droit et de Démocratie, ces derniers auraient bénéficié d’une indemnisation au regard de cette dérive totalitariste dont ils sont victimes!

Par conséquent, avant que des débordements plus outrageux ne surviennent et, quand bien même les condamnés seraient libérés, il doit être rappelé au gouvernement, avec la plus grande fermeté, que ne sera point tolérée la mise sous tutelle des anti-3ième mandat par le pouvoir. Il y va de la crédibilité du combat actuellement mené!

Aminata Barry


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