Le comportement de la Ceni qui semble basculer dans l’agenda du parti au pouvoir, ses démarches clandestines pour recruter un opérateur sans appel d’offres, sans l’élaboration de cahier des charges avec le fallacieux argument que si la procédure normale devait être respectée, le calendrier électoral ne pourrait pas être tenu, indiquent qu’il se prépare quelque chose dans le dos de l’opposition.
Comme dans les élections précédentes, la Ceni, constamment en connivence avec le RPG-Arc-en-ciel, se prépare à organiser des élections sans toilettage et une mise à jour du fichier électoral qui contient des doublons et plus d’un million et demi d’électeurs fictifs dans le but évident d'un truquage des scrutins.
La situation qui se présente et les arguments de la Ceni ne sont pas nouveaux. Il faut se souvenir que pour les législatives de 2013, le fichier électoral comportant plus de 600 000 électeurs fictifs n’avait pas été corrigé afin que l'on puisse aller au vote avant la fin de l'année. En 2015, l’audit révéla que le nombre d’électeurs fictifs et de doublons avaient plus que doublé dans le fichier électoral.
De nouveau, la Ceni nous avance la nécessité de respecter le calendrier électoral et d’aller au vote en octobre avec un fichier électoral non corrigé. On se demande quel calendrier puisque celui des législatives prévu dans la Constitution n'a pas été tenu ?
Déjà pour les élections communales et communautaires, les mêmes arguments avaient été avancés pour aller aux urnes avec l’ancien fichier électoral corrompu. L'opposition accepta de participer à ces élections avec la promesse que le fichier sera corrigé après le scrutin en vue.
Chers leaders politiques, comment se fait-il que l’opposition guinéenne se fasse toujours prendre dans le même piège et de la même manière depuis 9 ans ? Pourtant, la loi prescrit une mise à jour du fichier électoral chaque année du 30 novembre au 8 janvier au plus tard. Il y a également lieu de rappeler, chers compatriotes, que pour le deuxième tour des présidentielles de 2010 Monsieur Alpha Condé fut inflexible sur le fichier et imposa son timing pour la suite des élections au delà de la date officielle. Pourquoi faut-il donc continuer à subir le dictat d'un homme qui se soucie peu des règles et de la loi?
Face à la volonté de Monsieur Alpha Condé de rester au pouvoir à vie par des manœuvres que nous connaissons, compte tenu du rejet populaire de son projet, le temps est venu pour l'opposition guinéenne de faire preuve de fermeté et de cohésion pour faire échec au plan anti-démocratique et dangereux de Monsieur Alpha Condé. Nous savons l'homme obstiné. C'est pourquoi nous devons rester vigilants et être prêts à toutes les éventualités, et à tout moment. Si jamais Monsieur Alpha Condé choisit un moment non propice à des troubles ou manifestations pour faire passer son plan machiavélique, le FNDC ne doit penser à son tour qu’au devoir et à la nécessité de répliquer immédiatement sans autre considération.
En effet le renoncement de la Ceni à nettoyer le fichier électoral indique que Monsieur Alpha Condé a un plan B, au cas où son plan A d'un référendum pour une nouvelle Constitution rencontrerait une très forte contestation populaire comme cela semble se dessiner. Ce plan B est la convocation du corps électoral avec le fichier corrompu pour les législatives en prenant tout le monde de court, comme il l'avait fait pour les communales. Par cette voie il obtiendra une majorité confortable au Parlement, par la fraude que lui assurerait son fichier électoral, les manœuvres de l’Administration, la partialité de la Ceni et de la Cour Constitutionnelle dont il a pris le contrôle en fin 2018. Ainsi, sans Référendum et sans se prononcer là-dessus (ce qu’attend le FNDC), il pourra faire passer sa nouvelle Constitution au Parlement.
Pour arriver à ses fins, le pouvoir, comme à son habitude, pourrait forcer la situation en invitant les partis politiques à faire le dépôt de leurs listes et dossiers de candidats dans un délai limite. Une fois cette démarche engagée, les partis n’auront plus le temps de se concerter et s’entendre sur une position. Le corps électoral est convoqué et les campagnes sont ouvertes. Le tour est joué, comme toujours.
Pour toutes ces raisons, les partis politiques de l'opposition doivent eux aussi anticiper en se donnant deux plans: A et B.
Le plan A déjà en place, le FNDC, doit être renforcé et structuré sur toute l'étendue du Territoire National et prêt à entrer en action en même temps.
PAS DE RÉFÉRENDUM = PAS DE NOUVELLE CONSTITUTION.
Le plan B pourrait comporter trois phases:
1- Une large concertation pour arrêter une ligne commune de conduite. S’entendre à ne répondre à aucun appel de l’Etat ou de la Ceni allant dans le sens de dépôt des dossiers de candidature avant la satisfaction des exigences légitimes et légales de l’opposition.
2- Imposer la révision correcte du fichier électoral dans un délai raisonnable. Ceci doit passer par le recrutement d’un opérateur électoral dans le respect scrupuleux des textes. Un délai de réalisation de cette exigence doit être fixé au pouvoir, passé lequel, on demande le départ de Monsieur Alpha Condé et son gouvernement, incapables d’accomplir leur mission.
3- puisque l'échéance constitutionnelle pour le mandat des députés n'a pas été respectée, toute autre date pour les élections législatives doit l'être de commun accord.
Mes chers compatriotes, notre pays se trouve aujourd'hui à un carrefour de son histoire. La volonté de confiscation du pouvoir par une clique d'individus pour des intérêts égoïstes constitue un véritable danger pour notre pays. Si par malheur Monsieur Alpha Condé et le RPG-Arc-en-ciel parvenaient à garder le pouvoir dans la situation sociale et économique actuelle de la Guinée, l'opposition politique sera laminée à jamais et le pays exposé à des risques d’implosion !
Cordiales et fraternelles salutations à toutes et tous.
Allemagne, le vendredi 24 mai 2019,
SADIO BARRY
Président du Bloc pour l’Alternance en Guinée (BAG).